Vers l'ombre

Il y a quelque chose de l’ordre du constat quand je photographie, mais il est vrai que je suis sans cesse confronté à la notion du réel et de ma vérité. Romantique et sensible je puise mon essence dans une enfance cabossée et chérie comme dans un paradis perdu que j’essaie de retrouver et de retranscrire par la photographie.
Consciemment ou non, ces photographies ont pour origine l’interrogation de la perte et de l’altération. Des instants suspendus balançant entre le clair et l’obscur, des moments éphémères arrêtés dans ma traduction du monde. Le coté sépia et assez sombre, la granulation argentique, le rendu légèrement flou des tirages favorisent une certaine prise de distance avec les choses.
Dans cette suite, j’improvise un polar d’images qui dans sa composition fait écho à l’ombre et pose quelques questions. Que devient l’image quand la lumière s’éclipse? Que voit-on dans l’ombre? De quelle manière l’ombre affecte la visibilité du monde.
C’est une traversée fugitive des ombres pour dissoudre des fantômes, croiser des revenants, donner la parole à des muets.
Pour enfin peut-être retrouver la lumière.

Philippe Caharel