Mélodie en sous-bois

Au coeur de ma forêt intérieure, prennent racine
maints petits sentiers tortueux remplis de couleurs
et de sons, fertiles de bonheur et de tristesse
cachée, où je pénètre paisible et rassuré.

A l’orée du jour, j’écoute le silence de la sève qui
monte dans un chêne au cœur noué, les battements
lents du temps qui déforment de vieux bouleaux
ridés où dorment des souvenirs enfouis. Je traque
les lieux aux contours hésitants qui consolident
les imaginaires de l’enfance, une façon de réveiller
le bois dormant et la belle.

Au crépuscule délavé, je devine les chuchotements
intimes de la forêt, les carcasses d’arbres noirs à
genou. Je touche délicatement le ventre mythologique
de la forêt afin d’apprivoiser les ombres sauvages de
la nuit. Je frissonne sous le regard froid de la lune à
la poursuite de bêtes improbables. Je fuis en
écoutant le cri des chouettes, leur silence.


Au milieu des brumes silencieuses, j’entends la
douce mélodie de notes cachées qui me donne l’air
de rêver devant mon vieil ami tordu et séculaire
dépositaire secret de mes errances forestières.
Je dissimule mes espérances perdues en regardant
le chemin parcouru, je reconnais mes paysages
familiers, les bords flous de mon pays natal, ses
espaces fragiles que le temps et les hommes
vont finir par éteindre…..